vendredi 9 juillet 2010

Littérature comparée (synthèse)

Jean-Marie Carré qui, dans sa préface à La littérature comparée (QSJ ? no 499, 1951) de Marius François Guyard, affirmait : La littérature comparée n’est une comparaison littéraire. Mais si l’on récuse la comparaison, que faut-il évoquer pour définir la discipline ? Jean-Marie Carré mettait en avant « l’étude des relations spirituelle internationales », les « rapports de fait » et j’ai pour ma part proposé une définition : Au départ, la littérature comparée procède d’une prise de conscience, donc d’une problématique, de la dimension étrangère dans un texte, chez un écrivain, dans une culture. Comparer mais dans le sens d’un rapprochement. Ensuite, il a fallu faire la démarche inverse : procéder à une distinction, à une remise en évidence de différences, contentio étant employé en rhétorique dans le sens d’antithèse (Quintilien, IX, 3, 81). De fait, il s’agit de faire entrer des textes en dialogue, c’est-à-dire en coïncidence, en une sorte d’assemblage ; puis distinguer, séparer. Mises en parallèles et comparaisons aboutissant à la première littérature comparée illustrée par Villemain à la Sorbonne en 1828-1829 avec son « Tableau comparé » grâce auquel on pouvait voir « ce que l’esprit français avait reçu des littératures étrangères et ce qu’il leur rendit » à la série de comparaisons qui va se développer, d’un texte à l’autre, d’un ensemble ou d’une série à d’autres, et qui fournit la base de la synthèse, des axes, des lignes directrices qui non seulement permettent de passer d’un texte à un autre, mais de les lire comme un nouvel ensemble. Cette synthèse sera d’autant plus riche, variée qu’il y aura eu une réflexion non seulement sur les textes regroupés, mais de façon abstraite, théorique, sur des questions plus générales soulevées par le sujet retenu et qui ressortissent à la thématique, au mythe, à l’image, au genre, à la poétique, etc.
Le premier Cours de Littérature comparée de MM. Noël et De Laplace qui, dés 1816, offre déjà les deux défauts rédhibitoires de la discipline qui n’était pas même réellement née : la juxtaposition (en une suite de volumes consacrés aux littératures étrangères sous forme de leçons littéraires et morales) à laquelle il faut ajouter la comparaison spontanée, ingénue qui est suggérée mais non développée. C’est une démarche qui pourrait être envisagée comme une attention portée aux échanges, aux oppositions, aux dérivations, aux imitations, aux adaptations, en gros aux correspondances (homologie de contenu) ou homomorphies (correspondances formelles ou structurelles). Quant à la fameuse « influence » chère à l’ancienne littérature comparée, elle suppose bien des correspondances chronologiques (ou équivalences), des correspondances homologiques (transfert de thèmes, de motifs) et/ou des correspondances homomorphiques (transfert de genres formels, de procédés stylistiques).

Je souhaiterai accorder une place particulière au modèle proposé par Pierre Brunel dans le Précis de littérature comparée (PUF, 1989). Il y présente en ouverture les trois « lois » qui peuvent définir une méthode ou une lecture comparatiste : la loi d’émergence, la loi de flexibilité (le texte « tissu nouveau de citations révolues »), enfin la loi d’irradiation.

Mme L, Medjahed, Cours et TD de Littérature Comparée, 4ème année licence français, 15 Mai 2008.

lundi 24 mai 2010

Les Identités meurtrières, Amin Maalouf 1

Amin Maalouf, romancier, essayiste et historien reconnu, né au Liban en 1949. Il vit en France depuis 1976. Il a également été journaliste. Il a ainsi parcouru une soixantaine de pays et couvert de nombreux événements, de la guerre du Vietnam à la révolution iranienne ; il fut rédacteur en chef du Jeune Afrique.
Il est l’auteur de plusieurs chef-d’œuvres. Sa bibliographie est aussi riche que diversifiée :

• Les croisades vues par les Arabes 1983
• Léon l’africain 1986
• Samarcande 1988 (Prix des Maisons de la presse)
• Les Jardins de lumière 1991
• Le Premier Siècle après Béatrice 1992
• Le Rocher de Tanios 1993 (Prix Goncourt)
• Les Echelles du levant 1996
• Les Identités meurtrières 1998
• Le Périple de Baldassare 2000 (Prix Jacques Audiberti – Ville d’Antibes)

Les Identités meurtrières, roman de Amin Maalouf, publié en 1998 aux éditions Grasset & Fasquelle, en collection de Livre de poche. Il comporte 189 pages, divisées en 4 parties comme suit :

• Introduction [pp 7-11]
• I- Mon identité, mes appartenances [pp 15 - 54]
• II – Quand la modernité vient de chez l’Autre [pp 56 - 96]
• III – Le temps des tribus planétaires [pp 97 - 135]
• IV – Apprivoiser la panthère [pp 138 - 181]
• Et un épilogue [pp 183 - 189]


On lit sur la quatrième de couverture :

Que signifie le besoin d’appartenance collective, qu’elle soit culturelle, religieuse ou nationale ? Pourquoi ce désir, en soi légitime, conduit-il si souvent à la peur de l’autre et à sa négation ? Nos sociétés sont-elles condamnées à la violence sous prétexte que tous les êtres n’ont pas la même langue, la même foi ou la même couleur ?
Né au confluent de plusieurs traditions, le romancier du Rocher de Tanios (Prix Goncourt 1993) puise dans son expérience personnelle, aussi bien que dans l’histoire, l’actualité ou la philosophie, pour interroger cette notion cruciale d’identité. Il montre comment, loin d’être donnée une fois pour toute, l’identité est une construction qui peut varier. Il en dénonce les illusions, les pièges, les instrumentations. Il nous invite à un humanisme ouvert qui refuse à la fois l’uniformisation planétaire et le repli sur la «tribu ».

« D’une voix pudique, sereine, Amin Maalouf énonce tout simplement des enjeux de civilisation pour le troisième millénaire. »
Henri Trincq, Le Monde

« Un livre passionnant à l’heure où une conception hégémonique, marchande, de la mondialisation allume des mèches sous des barils de poudre
Jacques Coubart, L’humanité

« Par la voix de cet écrivain libanais de la langue française, la vieille Europe nous fait encore partager la plus belle, la plus féconde de ses convictions. »
François Sureau, L’express

vendredi 2 avril 2010

Le déséquilibre du monde, Gustave Le Bon I

Le déséquilibre du monde, une œuvre du Dr Gustave Le Bon. Elle fut publiée en 1923 aux éditions Ernest Flammarion à Paris. Elle comprend sept livres divisés sur 295 pages comme suit :

Livre I : Le déséquilibre politique

 Chapitre I. L'évolution de l'idéal
 Chapitre II. Conséquences politiques des erreurs de psychologie
 Chapitre III. La paix des professeurs
 Chapitre IV. Le réveil de l’Islam
 Chapitre V. L'incompréhension européenne de la mentalité musulmane
 Chapitre VI. Le problème de l'Alsace
 Chapitre VII. La situation financière actuelle. Quels sont les peuples qui paieront les frais de la guerre ?

Livre II : Le déséquilibre social

 Chapitre I. L'indiscipline et l'esprit révolutionnaire
 Chapitre II. Les côtés mystiques des aspirations révolutionnaires
 Chapitre III. La socialisation des richesses
 Chapitre IV. Les expériences socialistes dans divers pays

Livre III : Le déséquilibre financier et les sources de la richesse

 Chapitre I. La pauvreté actuelle de l'Europe
§ 1. Les sources réelles de la richesse
§ 2. Les sources artificielles de la richesse
 Chapitre II. Les facteurs anciens et modernes de la richesse
 Chapitre III. Les mystères apparents du change
 Chapitre IV. Comment une dette peut varier avec le temps
 Chapitre V. Les causes de la vie chère

Livre IV : Le déséquilibre économique du monde

 Chapitre I. Les forces nouvelles qui mènent le monde
 Chapitre II. Rôle politique et social de la houille et du pétrole
 Chapitre III. La situation économique de l'Allemagne
 Chapitre IV. Les éléments psychologiques de la fiscalité.
 Chapitre V. Principes fondamentaux d’économie politique

Livre V Les nouveaux pouvoirs collectifs

 Chapitre I. Les illusions mystiques sur le pouvoir des collectivités
 Chapitre II. Le congrès de Gênes comme exemple des résultats qu'une collectivité peut obtenir
 Chapitre III. Les grandes collectivités parlementaires
 Chapitre IV. L'évolution des collectivités vers des formes diverses de despotisme
 Chapitre V. Les illusions sur la Société des Nattions
 Chapitre VI. Le rôle politique du prestige

Livre VI Comment se réforme la mentalité d'un peuple

 Chapitre I. Les idées américaines sur l'éducation
 Chapitre II. Les réformes de l'enseignement en France et les Universités germaniques
 Chapitre III. L'enseignement de la morale à l'école
 Chapitre IV. La création d'habitudes morales par l’armée

Livre VII Les alliances et les guerres

 Chapitre I. La valeur des alliances
 Chapitre II. Les luttes pour l'hégémonie et pour l'existence
§ 1. La lutte de l'Angleterre pour l'hégémonie
§ 2. La lutte pour l'existence en Extrême-Orient
 Chapitre III. Le problème de la sécurité
 Chapitre IV. Les formes futures des guerres et les illusions sur le désarmement.

dimanche 21 février 2010

Mon monde, Fethallah Boumediene

Fethallah Boumediene, un cher ami, un jeune talent, un bourgeon d'or.
Qui a magnifiquement écrit ce poème à pouvoir magique.
Accorde-moi cet honneur de le publier sur mon modeste blog.


Ne vous ai-je pas dit que je viens d’un monde ?
Fou, plein de fous et de folles.
Je n’ai nullement la prétention de nier cette ronde
Où l’inconscient et le conscient, ne font qu’un vase qui se viole
Si on le casse, et là, tout s’inonde
En un tsunami qui rigole
S’immergeant sur une zone d’onde
Sablé et pleine de vol
Quand elle sourit, c’est seulement un bonjour pour ceux qui transcendent
Cette vie, pour le rôle
Des défunts, qui se vendent
Dans le marché des tombes au format d’un petit goal
Quand elle pleure, c’est une création céleste qui n’est guère seconde
Parfois, elle a sommeil, quand deux êtres se connaissent sur le sol
En s’éveillant, elle crée un divorce entre SAM et Ode
Si jamais elle est trop guai, en un seul vol
Elle amasse plein de monde
Destination, là haut dans un hall
Sur une balance qui ne fait pas de solde
Lorsqu’elle devient soule, c’est une folie familiale sur l’héritage d’un mèjhoule
Puis, dès qu’elle veut se rassasier, elle imite la tornade
L’espace, c’est le stade de Barcelone avec sa houle
En faisant de tout le monde
Un ballon rond devant ses pieds, qui roule
Son salut, c’est la guerre froide
Son poigné de main, c’est celle d’Irak, de Gaza et de Kaboul
De temps à autres, elle embrasse toutes les poches pleines de pièces rondes
Créant ainsi, une crise monétaire folle.

Tes Secrets m'appartiennent, Denis Richard

Deux conservateurs du Louvre périssent de façon tragique après avoir retrouvé des œuvres de la Renaissance qu'on croyait disparues à tout jamais.

Attention : ceux qui tentent de résoudre cette énigme vieille de cinq siècles le font au péril de leur vie...





Il glisse amoureusement le doigt sur les contours de son visage.
Elle est magnifique.
Il poursuit le long de son corps, effleurant ses formes dénudées.
Il doit coûte que coûte la dissimuler, le temps que se calme l’hystérie religieuse.
Le peintre décide d’emmurer son œuvre, la Madone con vista sull’ Arno, plutôt que de la laisser terminer ses jours dans le Bûcher des Vanités, tel que l’exige Savonarole, le moine dominicain qui a pris le contrôle de Florence.
À regret, Sandro Botticelli la recouvre d’une bâche et quitte son atelier.
Sans se douter que cinq siècles s’écouleront avant que quiconque pose à nouveau les yeux sur elle.


Denis Richard

jeudi 11 février 2010

Et autant emporte le vent

Comme un damné sur une terre d’exil ...
Comme un oiseau touché en plein cœur qui sent sa fin …
Comme un papillon.. Qui tourne au rond …
Au tour d’une flamme et qui s’enflamme
On croyant l’embrasser ...
Citoyen de nul part et orphelin de l’histoire, je ne me reconnais plus comme avant
Mes amis se font cher ; entre des gens mi-humains mi-robots, le cœur gelé et le bras qui
Hésite à se tendre........
C’est le portrait d’un monde égoïste et cruel où les bénéfices étranglent les sacrifices...

On se croient forts et intouchables… pendant que le meilleur nous échappe
On croit croquer la vie... sans vraiment toucher son fond ; l’amour et l’amitié..
On a toujours tort, mais on s’en fou. .............. La raison de ma détresse..

Quand je saigne, je prends des recules, je m’isole, c’est plus fort que moi, car
Vaut mieux souffrir en silence que de chercher la pitié des autre ...
............pendant que le monde bouge, ..me voilà à l’intérieur de ma boule de cristal
J’essaye de remonter le temps pour survivre........................................... peut être

mercredi 3 février 2010

Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra II

Yasmina Khadra devint magnifiquement magicien des mots et des situations. D’une part, son écriture n’a plus la force de description et de pénétration qu’elle avait dans "Morituri" ou "L’attentat". L’imagination fait vibrer de terreur ses lecteurs devant les prêches enflammés. D’une autre part, On a l’impression que Khadra avait écrit cette œuvre pour plaire à une catégorie bien précise de lecteurs, ce sont les nostalgiques de l’Algérie Française.
Khadra a peut –être donner dans le style Arlequin pour les scènes d’amour, avec un ton emphatique, vocabulaire policé à l’extrême, métaphores parfois trop attendues, péripéties qui associent trop de situations extrêmes à la fois.
Khadra avait entouré Younes, son protagoniste en difficulté de trois amis, en le plongeant dans une mixité sociale et ethnique épineuse. Dés les premiers chapitres, l’œuvre charmait ses lecteurs on avait fait la connaissance du héros masculin, le jeune Younes qui deviendra Jonas ; et Khadra sait très bien parler de la misère, du malheur, de l’injustice. Le lecteur traverse l’histoire de l’Algérie et de son indépendance à travers les liens tissés entre les personnages : Jonas, l’Arabe assimilé et ses amis riches et blancs mais aussi ceux d’une famille reconstituée autour de Jonas ! Son oncle algérien et sa tante européenne seront son modèle d’entente réussie mais au moment de l’Indépendance, il va falloir choisir son camp ! L’épilogue, quant à elle, elle donne la situation finale, très réussie avec un décalage temporel et géographique. Khadra décline des thèmes qui lui sont chers : le respect de la parole donnée, l’amour impossible, la révolte.