La littérature comparée s'intéresse aussi aux genres. Ces derniers voyagent, transcendent les frontières, d'un pays à un autre et d'une culture à une autre.
Tout comme les contes, les nouvelles, les mythes... la fable existe aussi dans toutes les littératures, dans toutes les langues: chinoises, russes, arabes...
Le comparatiste ne s’intéresse pas uniquement à la naissance de ce genre. Mais comment a –t- il évolué ? Transcendé les frontières ? Quelles différences trouvons-nous entre la fable russe, chinoise, américaine ? Y a-t-il eu des interférences ? Des influences ? Des emprunts ? La fable est un récit fictif qui met en scène toute sorte de personnages, des dieux, des êtres humains, des animaux, des objets inanimés… et qui vise une moralité. Elle peut être implicite ou explicite, directe ou indirecte. Si nous prenons l’exemple des Fable de La Fontaine (apologue), elles se constituent de deux parties : Le corps (le récit, l’histoire). L’âme (la moralité).
Toutes les sociétés ont connu le genre de la fable dans leurs histoires lointaines. Toutes les cultures ont connu l’histoire de la fable qui s’apparente au conte.
- Certains pensent que les Grecs sont les premiers à avoir écrit la fable.
- D’autres pensent que c’est en Inde. Les pratiques religieuses : l’adoration de la vache, ont favorisé l’éclosion de ces récits. La réincarnation était très présente chez les Indous. C’est ce qui a fait que les Indous ont produit des fables.
Et c’est le mouvement migratoire des Indous installés en Europe, venus avec leurs récits, leurs historiettes, qui a favorisé le transfert de ce genre littéraire passionnant.
- Les Arabes aussi ont eu leurs fables. L’animal a eu sa place proche de la vie de l’Arabe. Il était présent. Certaines tribus d’Arabie avaient des noms d’animaux : Les Béni Assad, Les Béni Koulaïb. Notons tout de même que dans la tradition arabe, il y avait deux sortes de fables : Celle à connotation religieuse qui expliquait des phénomènes religieux, et celle qui servait à expliquer des proverbes.
On pense que chez les Grecs, Ésope a été l’un des premiers fabulistes à avoir écrit des fables. En fait, ce sont ses disciples qui ont écrits ces fables. Ésope était un esclave, affranchi par la suite, qui s’est mis à raconter des fables.
Mais, jusque là, la fable n’a pas de statut littéraire. La fable était considérée comme un genre mineur. Elle n’avait pas ses règles, ses lois. Le premier fablier qui nous soit parvenu, c’est un livre indien intitulé le PANTA CHATANTRA. C’est un fablier indien qui a été écrit à la demande d’un roi par le philosophe PILPAY (BEYDABA). Ce même livre a été traduit par les Persans sous le nom de KALILA WA DIMNA. Et, c’est Abdallah IBN El MOUKAFFAH qui a traduit le livre de Kalila Wa Dimna de la langue persane vers la langue arabe. Il était d’origine persane. Ibn El MOUKAFFAH était le secrétaire personnel du Calife El MANSOUR. À cette époque là, il y a eu un grand mouvement de traduction des autres cultures vers la langue arabe, car il y avait à l’intérieur de cette société arabe beaucoup de personnes issues d’horizons divers. C’était un cercle où se réunissait toute sorte de culture.
KALILA Wa Dimna était importante et du coté politique et du coté littéraire. Elle était écrite en prose. Le premier livre a été écrit dans un contexte païen. Ibn El MOUKAFFAH, en le traduisant, a essayé de l’adapter à la société arabe de l’époque selon les habitudes et la bienséance.
Kalila Wa Dimna a été traduite à une époque où la société arabo-islamique était à son apogée. Par la suite, les deux versions ont été perdues. Il n’est resté que le livre traduit. On a repris le livre arabe et fait une traduction vers les langues persane et indienne. C’est un nouveau livre, car Ibn El MOUKAFFAH avait enlevé tout ce qui n’allait pas avec la culture arabe, la mentalité arabe. Parvenue à l’Europe, Ésope était incontestablement le maître de la Fable. Il y avait des gens qui glissaient dans leurs écrits de petits récits, fables, mais il n’y a jamais eu de fabulistes.
Il a fallu attendre Jean De LA FONTAINE pour que la fable ait un statut littéraire, un statut savant.
Grâce à LA FONTAINE, la fable a pu avoir un statut savant du genre littéraire avec ses règles, ses dogmes, ses traditions. Pourquoi ? Car, il a inversé les rôles. La raison d’être de la fable, ce n’est plus la morale. Cette dernière est reléguée au deuxième plan. Ce qui est important pour lui, c’est le récit. La priorité est donnée à l’histoire, au récit, pas à la moralité. Il travaillait le coté esthétique, la forme, la bonne musicalité. Elle est devenue telle une pièce de théâtre où toutes les techniques utilisées sont inspirées de la mise en scène d’une pièce de théâtre.
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