lundi 18 mai 2009

Verlan, langage sms, et le langage du net I

Difficile d'échapper aux phénomènes du verlan et des SMS, ces mini-messages que l'on s'envoie à longueur de journée. Malheureusement, ils sont limités en nombre de caractères et longs à saisir : voila qui incite aux raccourcis... C'est pour ces raisons que sont nés d'étranges langages sur nos téléphones. La seule règle étant de se faire comprendre de son interlocuteur.

Le verlan:

Un autre phénomène, un procédé argotique ancien qui s'est développé dans l'argot parisien des années cinquante et a pris un nouvel essor et de nouvelles formes.
Il est surtout perçu dans les communications verbales, qui caractérisent surtout le parler jeune.

•Le verlan est une forme d'argot français qui consiste en l'inversion des syllabes d'un mot, parfois accompagnée d'"élision", un type d'apocope, afin d'éviter certaines impossibilités phonologiques.
•C'est en inversant les syllabes de la locution adverbiale à l'envers que le terme de verlan a été crée.
•Aussi parle-t-on de formes verlanisées pour caractériser les vocables issus du verlan, qui sans être connues sous le nom de verlan, ces formes sont les plus anciennes, elles remontent au Moyen Age et ont commencé à être utilisée par le peuple à partir du XVI° siècle.
•L'usage du verlan s'est particulièrement développé à partir de la Seconde Guerre mondiale.

•Initialement utilisé comme langage cryptique dans les milieux ouvriers et immigrés de la banlieue parisienne, le verlan s'est rapidement répandu à toutes les classes de population, notamment grâce à son usage au cinéma et en musique.
•Le verlan actuel s'est répandu en français depuis la deuxième moitié du XX° siècle mais l'inversion de lettres ou de syllabes, utilisée afin de créer un effet de style en littérature, date de plusieurs siècles.


•Les plus anciennes formes de métathèses et autres jeux de mots attestés remontent au XII siècle avec le Roman de Tristan et Iseut où Béroul transforme le prénom de Tristan en Tantris cependant, il n'est pas établi si de telles formes étaient utilisées dans le langage courant.
•C'est ensuite, au XVI° siècle et au XVII° siècle que ces anagrammes et jeux de mots se sont multipliés.
•En 1960, Antoine Furetière, dans son Dictionnaire universel, donne pour définition de l'article "verjus" "on dit, c'est verjus ou jus vert pour dire: c'est la même chose", représente la forme la plus ancienne pouvant être assimilée avec certitude à du verlan.


•C'est au cours des années 1800 que l'utilisation du verlan dans la communication orale apparaît.
•Lazare Sainéan rapporte le cas d'une lettre de bagnard surnommée "La Hyène" ayant daté da lettre par "Lontou, 1842" au lieu de Toulon, indiquant que le verlan se répand dans le langage des prisonniers.
•Jaques Dutronc avait utilisé du verlan en 1971:
•"J'avais la vellecère qui zéfait les guevas" pour dire: "J'avais la cervelle qui faisait des vagues) *A l'époque, la chanson passa inaperçue.


•Le début des années 1990, marqué par l'émergence du mouvement hip-hop, représente le début d'une réintroduction massive du verlan dans le langage parlé en France et surtout au sein des nouvelles générations. L'essor du rap a fortement contribué à la dissémination du verlan dans la population française.
•Le verlan a permis aux amateurs de rap et aux rappeurs à la fois de se démarquer par leur différence culturelle et sociale et d'apporter une nouvelle identité plus marginale et souvent plaisante à l'âge adolescent.


•Des groupes comme NTM, Sages Poètes de la Rue ou encore le Ministère AMER, précurseurs de la scène rap française, sont les principaux acteurs du retour du verlan dans le pays. Leurs contributions ont porté autant sur les néologismes verlanisés que sur le rétablissement d'anciens termes déjà utilisés.
•En 2004, un certain verlan (essentiellement constitué d'un vocabulaire) a fini par être plus ou moins compris et utilisé par toutes les couches de la société, ce qui en fait un langage en cours de démocratisation loin de son image plutôt marginale initiale. Toutefois, il existe quelques poches géographiques dans lesquelles un verlan très "pur"/"dur" est utilisé quotidiennement.


•Le développement des nouveaux moyens de communication, le SMS en tête, a rendu pratique le verlan, notamment en raison du caractère raccourci des formes verlanisées bien plus rapides à taper sur des claviers que leurs équivalents dans la langue française officielle.

•La formation d'un mot en verlan est essentiellement phonétique. Le verlan étant une langue orale, on peut trouver de nombreuse exceptions. Néanmoins, la grande majorité des formations se décompose en quatre opérations :
•Ajout ou suppression de la dernière voyelle
•Découpage du mot.
•Inversion.
•Troncation ou élision de la dernière syllabe du néologisme formé.
•Seule la troisième opération (inversion) est présente dans tous les mots de verlan. Elle est caractéristique de cet argot.

Les étapes de la formation d’un mot verlan:

Sur certains mots, on peut considérer qu'un -e muet a été ajouté ou bien que la dernière voyelle a été soustraite avant de commencer le processus. C'est loin d'être systématique.
•Ex: cher -> chèreu. défoncé->défonc'. bled->blèdeu. flic->flikeu. rigoler-> rigol'. énervé -> énerv'.
•Le mot ou expression est découpé en deux parties. C'est l'usage et la facilité à prononcer le mot final qui semblent être les principaux facteurs déterminant l'endroit de cette coupure:
• la séparation se situe en général avant la syllabe accentuée sur les mots de plus de deux syllabes; les deux parties sont de taille approximativement égale. Sur les mots de deux syllabes, la séparation se situe presque toujours entre les deux syllabes.
•Ex : chè-reu dé-fonc' blé-de fli-keu ri-gol' éner-v'. Et d'autres: ci-garette va-zy fa-meu ç-a ri-che mor-ceau.


•Une fois le mot découpé, on intervertit les deux parties. Cette inversion caractérise le verlan, en ce sens qu'elle est présente dans toute construction d'un mot de verlan, et qu'un mot formé au moyen de cette inversion est un mot de verlan. Ex : reu-chè fonc'-dé de-blé keu-fli gol-ri v'-éner garette-ci zy-va meu-fa a-ç che-ri ceau-mor.
•Pour des raisons de prononciation, on peut retrancher la voyelle finale du mot, ou même parfois la changer (mais le cas "garette-ci-> garo" ne semble pas spécifique au verlan mais plutôt analogue à des diminutifs comme "apéritif->apéro" par exemple).
Ex: reuché->reuch', garette-ci->garo, keu-fli->keuf' meu-fa->meuf.


•Herbe:Beuh
•Poil:oilpé
•Moi:ouam
•Flic:keuf
•Choper:pé-cho
•Cigarette:garo
•Discret:screud'
•Arabe:beur
•N’importe quoi:"portna" "wak" .

1 commentaire:

Dick Doliprane a dit…

le langage SMS, ou la négation du langage :
http://www.larepubliquedesmoches.fr/2011/06/des-moches-et-des-lettres/